Une expédition incroyable, un véritable exploit sportif au Gouffre de Padirac !
Tout s’est passé dans le calme. La douce clarté du matin a disparu au-dessus de la surface et puis… plus rien. Rien d’autre qu’une eau tellement trouble qu’il n’y voit pas à plus de 2 m. Clément Chaput n’en a cure. Il connaît le conduit par cœur. D’ailleurs, il a lui-même installé le fil d’Ariane qui l’équipe. Hyper-concentré, harnaché de quatre bouteilles de plongée, le jeune homme de 24 ans progresse dans l’étroit boyau inondé. Les quinze premières minutes, il le sait, sont décisives pour la suite de l’expédition. Le moindre problème technique pourrait tout remettre en cause.
Alors que son propulseur l’entraîne vers le fond, il visualise mentalement la suite du parcours. Il lui faudra franchir le premier siphon, sortir de la rivière, marcher un peu sur le gravier, avant de replonger sous la roche. Le conduit commencera à s’élargir; la paroi sera plus claire. De grands tas de glaise orneront l’espace. Suite de la descente. À pic, cette fois. – 40 m, – 60 m, – 78 m : une fois le fond atteint, il s’agira d’effectuer une nouvelle remontée vers la surface.
Deux jours plus tôt
Deux jours plus tôt, le 15 octobre 2014, dans le jardin d’un gîte de Gramat (Lot), le camp de base de l’expédition souterraine se met en place. Sur l’herbe s’étalent des dizaines de bidons, des casques, des sacs étanches, des canots pneumatiques, mais aussi tout un nécessaire à camping – tente mise à part. Difficile toutefois de deviner le côté exceptionnel de ce qui se prépare : une exploration du réseau de Padirac, l’un des plus mythiques de France. Mythique, notamment grâce au gouffre auquel il est relié.
Pensez : un puits de 35 m de diamètre et de 110 m de circonférence, qui plonge 75 m plus bas ! De quoi marquer les esprits. Pourtant, si le lieu (privé) est ouvert au public depuis 1898, les expéditions menées dans son réseau sont rares. Celle-ci, Bernard Gauche et Clément Chaput, les deux protagonistes de l’aventure, la rêvent depuis deux ans. Dans le jargon des spéléologues, on l’appelle une « première » : le trajet n’a encore jamais été réalisé.