Pour l’heure, notre solitaire se régale de flâneries, car depuis ses Cévennes natales, elle n’en finit pas de croiser des contrées qui lui font les yeux doux. D’est en ouest, sur 485 kilomètres, pas moins de 2 régions et 5 départements lui offrent l’hospitalité. Et s’il est un territoire où elle adore vagabonder, c’est bien en Occitanie, dans le département qui a pris son nom.
Ainsi, dès Cajarc – dans le Lot donc -, et jusqu’à Luzech, en passant par Cahors, la voici qui ondule de méandre en méandre, se faisant infiniment enjôleuse. Et comme elle est d’un naturel accommodant, elle nous invite à l’accompagner un moment dans son réjouissant périple peuplé de paysages enchanteurs, de jolis châteaux perchés, et d’irrésistibles villages de pierre.
En plus, la belle lotoise a tout prévu, misant sur une flottille de fringants petits bateaux de location habitables, à bord desquels on n’a aucun mal à avoir le pied fluvial ! Et cerise sur la rivière, ces coquettes maisons flottantes, conçues pour deux à douze personnes, se pilotent facilement, sans permis et sans stress. Leur vitesse de pointe n’excède jamais 12 km/h ! Alors, prêt à larguer les amarres pour vivre une expérience unique de slow tourisme, et s’offrir une parenthèse totalement déconnectante, « Made in Vallée du Lot » ? On parie que oui !
Mais l’appel de la rivière a été plus fort ! Et, finalement, on a craqué pour la grande aventure. La petite famille embarque sur l’un de ces bateaux de location qui, en vallée du Lot, font désormais partie de la carte postale.
Alors, c’est vrai, le Lot est une rivière naturelle qui n’a rien d’un sage canal rectiligne. Mais son discret caractère n’empêche aucunement les marins d’eau douce d’y voguer sereinement, en toute sécurité. D’autant que les novices ne sont jamais « lâchés » sans avoir été formés aux principales manœuvres, dont le tant redouté passage d’écluse.
Et si l’on en juge par le grand nombre d’embarcations sans permis qui évoluent à proximité des plus beaux spots de la région, naviguer sur le Lot semble manifestement à la portée de tous.
Voilà donc comment un beau jour, on se retrouve au milieu de l’une des plus belles rivières de France, aux commandes d’un plaisant petit bateau, qui nous convie à une randonnée fluviale riche en émotions.
Au programme :
- 150 km aller/retour, depuis le port de votre choix, sur ce fameux tronçon Larnagol – Luzech.
- Des paysages merveilleusement contrastés, jouant avec les hauteurs et les couleurs.
- Des haltes prestigieuses comme Cahors, ou Saint-Cirq-Lapopie, et d’autres délicieusement pittoresques à l’image de Caïx, Douelle, Mercuès, Laroque-des-Arcs, Vers, Bouziès ou encore Cénevières.
- Et pas moins de 17 écluses, à franchir deux fois ; en mode manuel, s’il vous plaît ! Même pas peur !
Merci les plaisanciers !
Outre les percées vikings et anglaises (lors de la guerre de Cent Ans) qui l’ont vu guerrière, elle se souvient surtout des années où elle n’était qu’une infatigable besogneuse, soumise au va-et-vient constant des gabares marchandes. L’oisiveté n’était certes pas son fort, mais elle vivait ! Puis le chemin de fer a commencé son œuvre dès la fin du XIXᵉ siècle…
Tout s’est ensuite précipité : le déclassement des voies navigables de France en 1926, et la désaffection jusqu’à la fin des années 1980. Soudain, le Lot n’était plus « utile » ! Non entretenu, pollué, il aurait fini par couler dans l’indifférence générale, si le tourisme ne l’avait pas miraculeusement remis à flot.
Redevenu propre, il découvre la navigation plaisir en 1990, entre Luzech, Douelle, Cahors, Bouziès et Saint-Cirq-Lapopie. Les haltes nautiques se multiplient. Désormais, à la belle saison, entre avril et octobre, les bateaux de plaisance s’y pressent gaiement, débordant de bonne humeur, avec des équipages en partance ou sur le retour, toujours aux anges ! Comme nous !
À bord, tout le monde dort encore
Sans bruit, je gagne le ponton où le bateau s’est amarré pour la nuit. Je savoure le calme de ce petit matin. Une fois les brumes dissipées, les premiers rayons du soleil viendront doucement lever le rideau sur la rivière.
En attendant, quelques lève-tôt profitent également de ce moment de grâce. Au loin, un pêcheur taquine le goujon, épié par un héron opportuniste. Il n’est pas improbable que deux ou trois loutres espiègles viennent semer la zizanie dans ce tableau tranquille.
J’ouvre l’œil, on ne sait jamais !
Sur le chemin de halage, des randonneurs et vététistes me saluent. Mon large sourire suffit à leur répondre. Chut ! Je suis si bien… Un moment suspendu avant que la petite marmaille n’émerge de la cabine et ne vienne gentiment bousculer cette douillette béatitude.
Chacun va avoir très à cœur de retrouver son rôle de moussaillon ! Mais ça, c’est plutôt bon signe. Pour être sincère, j’appréhendais que mes incorrigibles boute-en-train ne finissent par se lasser. Mes craintes ont heureusement été bien vite balayées.
Voilà plusieurs jours que vous naviguez sur le Lot, à raison de 3 ou 4 heures quotidiennes, et le moral des troupes est toujours au beau fixe ! Une petite baignade sauvage par-ci, une cocasse partie de pêche par là, des visites au gré des envies,des surprises, des rencontres et des soirées apéro au bord de l’eau entre copains de bonne fortune…
Bref, chaque jour se réinvente, sans monotonie, tantôt sportif, ludique, instructif, gourmand, convivial, réconfortant, voire tout cela à la fois. Et puis il y a les écluses ! Celles-là, on peut dire qu’elles pimentent allègrement le séjour.
Pourtant, au départ, elles ont occasionné quelques sueurs froides. Mais finalement, même vos apprentis marins sont devenus des pros de la manivelle ! Forcément, le soir venu, il ne leur faut pas longtemps pour s’assoupir comme des bienheureux, provisoirement rassasiés d’exploits et d’aventures…