Il était une fois en Vallée du Lot, une cité diablement attachante, fière de ses origines gallo-romaines, profondément marquée par le Moyen Âge, accessoirement patrie de Léon Gambetta, et qui, rendez-vous compte, n’a pas hésité à marier habilement l’eau et le vin, tout en se proclamant, centre du Monde !
Certes, Cahors ne peut pas décemment être cataloguée comme une ville d’eau, eu égard au célèbre vignoble qui l’entoure. Cependant, la cité n’en reste pas moins très attachée à sa rivière, qui l’enserre magnifiquement. Et si le Lot se plaît à embellir cet endroit, cerné de collines escarpées, c’est qu’il y trouve aussi quelques avantages. Ainsi, dès le Moyen Âge, ne l’a-t-on pas paré de l’un des plus beaux ponts de pierre qui soit ? C’est du moins ce que les cadurciens ne manqueront pas de vous clamer. Certes, peut-être sont-ils un brin chauvins, mais il est vrai que ce pont Valentré à vraiment noble allure, malgré ses 700 ans d’âge !
On s’y promène, on y court, on y randonne, et on s’y pose pour observer l’écluse. Évidemment, on n’oublie jamais de l’immortaliser, de près, de loin, depuis les hauteurs du Mont Saint-Cyr et de la Croix Magné, ou encore depuis le Lot, confortablement installé à bord de l’un des bateaux promenade qui assurent la découverte du méandre de Cahors, tout en sublimes lumières et reflets changeants…
Et puis comme une petite pointe de mystère est toujours appréciée, l’élégant édifice s’est forgé une légende, qui lui a valu le surnom de pont du diable ! Pour en savoir plus, poussez jusqu’à la tour du milieu, levez les yeux, et laissez-vous conter la mésaventure du diablotin de Valentré, pas si malin finalement !
Vous l’aurez compris, le pont de Valentré est un personnage au charisme débordant ! Même l’Unesco n’a pas hésité à l’inscrire à son patrimoine mondial au titre des chemins de Compostelle. Car oui, Cahors constitue une halte de choix sur le fameux GR65, autrement appelé chemin du Puy ou Via Podiensis. Et si les pèlerins sont toujours émerveillés par la gracieuse silhouette qui se déploie au-dessus du Lot, ils n’en sont pas moins séduits par l’atmosphère chaleureuse et accueillante qui émane de cette ville à la campagne.
Miraculeusement lovée dans une boucle serrée de la rivière, en limite du parc régional des Causses du Quercy, Cahors profite d’un cadre naturel exceptionnel, appuyé par un patrimoine historique unique. Et puisque sa table y est en plus fichtrement savoureuse, tout invite forcément à y passer un délicieux moment…
Du coup, on ne résiste pas à la tentation de quitter les rives du Lot pour s’engouffrer dans la cité. Les quais, vous y reviendrez plus tard, le temps d’une balade bucolique. Et sûrement en profiterez-vous pour traverser côté collines, vers la fontaine des Chartreux, là où tout aurait commencé au 1er siècle de notre ère, avec la naissance de la cité gallo-romaine Divona Cadurcorum. Peut-être grimperez-vous même jusqu’au Mont Saint-Cyr, histoire d’embrasser tout Cahors, et de conclure cette rencontre en beauté.
Mais pour l’instant, c’est au cœur du méandre que vous êtes convié…
Si vous manquez de temps ou de courage, le petit train touristique reste un allié sympathique pour découvrir sereinement Cahors. Ou alors, laissez le hasard guider vos pas. La ville étant peu étendue, vous y trouverez rapidement votre bonheur, même dans les lieux les plus insolites, à l’image du bien nommé parking de l’Amphithéâtre, où vous attend une surprise en sous-sol ! Vous êtes alors au niveau des verdoyantes Allées Fénelon, à deux pas de la Place François Mitterrand, espace névralgique par excellence. Un petit arrêt à l’office du tourisme, suivi d’une visite de la spectaculaire bibliothèque patrimoniale du Grand Cahors, puis d’une inévitable dégustation à la villa Malbec, et vous voilà déjà de l’autre côté du boulevard Gambetta, aux portes de la vieille cité médiévale…
Après les grandes artères ouvertes, succède un dédale de ruelles parcourues d’une multitude d’édifices, rappelant les grandes périodes prospères que la ville a connues, entre les XIIème et XIVème siècles. Sur les façades des maisons de pierre et de brique rouge, magnifiquement restaurées, le passé commerçant florissant de Cahors se lit sans difficulté. Évidemment, dans cette volonté architecturale ostentatoire, le religieux n’a pas été oublié, d’autant que Cahors a compté en son sein un pape, Jean XXII. Et parmi les incontournables, la vénérable cathédrale Saint-Étienne fait plutôt belle figure, avec ses deux énormes coupoles en ardoise. Si vos pas vous y conduisent un samedi matin, ne soyez pas surpris par l’agitation qui règne aux alentours, car c’est jour de marché. Et là encore, c’est un bout d’histoire qui s’offre à vous, puisque cela fait 700 ans que les étals colorés se tiennent au pied du solennel édifice !
Cahors Mundi !
Cahors se présente donc comme un joyeux méli-mélo culturel et historique, qu’il faudrait encore compléter par l’étonnante horloge à billes de la Place Saint-Urcisse, l’Octroi du pont Louis-Philippe, la Maison de l’eau, et bien sûr, les inattendus jardins secrets aux noms si joliment évocateurs, imaginés pour raconter la ville au travers d’exquises poésies végétales…
Pourtant, même après cela, Cahors ne vous aura pas encore tout révélé d’elle ! Saviez-vous qu’elle a failli être le centre du Monde ? Ne riez pas, car l’affaire est très sérieuse !
Nous sommes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et Gary Davis, un ancien soldat américain, souhaite créer un nouveau monde, uni et pacifiste. Son mouvement prend de l’ampleur, relayé par des intellectuels, comme Camus et André Breton. Cahors, par un concours de circonstances, devient en 1950 la toute première ville mondialisée. D’ailleurs, non loin du pont Valentré, une borne kilométrique vous le rappelle : elle marque le commencement de la Route sans frontières n°1, une voie symbolique qui n’ambitionnait pas moins que de faire le tour du monde ! L’Histoire en a décidé autrement, mais si le cœur vous en dit, rien ne vous empêche de vous faire délivrer un passeport de citoyen du Monde, comme l’a fait un certain Barack Obama !