Mathieu Liebus a grandi dans une ferme d’élevage d’oies à Gignac. En 2007, il crée avec son père une gamme de produits en conserve, le Mas Roudié, avec l’idée de tout faire de A et Z et de développer l’activité en vente directe.
Un pari risqué : Nous étions dans une grande coopérative et un système traditionnel, nous avons tout modifié.
Après des premières années difficiles, le vent tourne et des contrats sont signés avec de grands magasins comme le Printemps. Plus tard, Mathieu et sa compagne Chloé lancent un magasin de producteurs à Cahors, avec Emmanuel Jacquin, à l’époque proche de la retraite. À la recherche d’une conserverie, ils finissent par racheter Foie Gras Jacquin en 2018.
Leur restaurant, situé à côté de la boutique à Payrac, a ouvert en mai 2022. Cet ancien séchoir à tabac des années 50 était encore en bon état. “Après-guerre, la production de tabac permettait aux agriculteurs de générer un complément de revenus. Dans le Lot, il y en avait une centaine par commune”. Le couple a voulu réhabiliter ce patrimoine. À la carte : les produits de la ferme et d’autres spécialités comme la truite du Blagourde Lachapelle-Auzac ou encore l’agneau du Quercy A.O.P. Un menu qui comprend aussi une version végétarienne.
Nous partageons l’idée de manger moins de viande, mais de meilleure qualité. Proposer cette option nous a semblé naturel, même si cela peut surprendre.
Ils ont créé une mini ferme à visée pédagogique à côté de la boutique et du restaurant, et proposent des visites gratuites en juillet-août. Au programme : découverte de l’élevage des canards, des oies et des brebis, présentation des parties du canard et du processus de transformation. Puis dégustation de foie gras, pâté et saucisse sèche.
Nous expliquons toutes les étapes qui concourent à l’élaboration d’un foie gras : élevage, gavage, travail de conserverie, précise Chloé.
Le couple est convaincu de la nécessité des sensibiliser le public à la réalité du métier.
L’agritourisme participera à sauver l’agriculture locale, affirme Mathieu.
Car l’activité d’éleveur n’est pas chose aisée. “C’est difficile de produire à petite échelle avec un haut niveau de qualité, nous sommes soumis à de nombreuses contraintes”.
La vente directe ne représente qu’un million sur trente millions de canards produits en France. Les filières françaises ont du mal car de plus en plus de marchandises sont importées de pays qui ne sont pas forcément soumis aux mêmes normes. L’inflation due au contexte international complique encore les choses.
Leurs projets ? Sur l’exploitation, le couple souhaite continuer à maîtriser l’élevage de manière autarcique. La construction d’un bâtiment d’élevage en panneaux photovoltaïques est prévue pour 2024.
Concernant le restaurant, nous souhaiterions à terme l’ouvrir toute l’année, concluent-ils.