Abris préhistoriques de Laugerie-Basse
attention, fouilles préhistoriques !PRATIQUE
Abris de Laugerie Basse – 24620 Les Eyzies
05 53 06 92 70 / abris-laugerie-basse.fr
HORAIRES D’OUVERTURE
Du 05 février au 08 avril* – de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30
Du 09 avril au 06 juillet – de 10h à 13h et de 14h à 18h
Du 07 juillet au 26 août – de 10h à 19h
Du 27 août au 06 novembre – de 10h à 13h et de 14h à 18h
Du 7 novembre au 31 décembre* – de 10h à 12h30 et 14h à 17h
*fermé le lundi (hors vacances scolaires et jours fériés)
Dernière admission : 1h avant la fermeture du site
TARIFS
13 ans et + : 9 € (achat sur place) / 8,70 € (achat en ligne)
5 à 12 ans : 6,40 € (achat sur place) / 6,20 € (achat en ligne)
– de 5 ans : gratuit
Tu vas maintenant t’avancer vers l’abri. Prépare-toi à faire un bond de 17000 ans en arrière… »
Et dire que vous vous étiez juré de réussir à « déconnecter » vos pitchous de leurs satanés écrans ! Mais là, bing ! Voilà qu’on leur tend une tablette tactile, qui leur parle en plus !
Allez ! Ne jouez pas au mammouth mal léché, et accordez-leur cette petite entorse numérique, car ici, la technologie est une passerelle ludique, bien utile pour faciliter l’accès à un contenu plutôt sérieux. Et puis vous n’êtes pas oublié, car cette visite interactive implique joyeusement toute la famille…
C’est normal que leur nom vous parle peu, car les discrets abris de Laugerie-Basse, qui sont au nombre de deux, ont une voisine qui leur fait sacrément de l’ombre !
Ainsi, lorsque l’on aborde cet immense escarpement calcaire de 500 mètres de long et 60 mètres de haut, faisant face aux Eyzies et à la Vézère, c’est surtout pour découvrir la fameuse grotte du Grand Roc. Quant aux abris millénaires, c’est sur place qu’on apprend véritablement leur existence. Un billet jumelé est d’ailleurs proposé, puisque les deux sites sont campés à un jet de falaise l’un de l’autre.
Mais attention ! Ils ne sont pas complémentaires. En effet, si le Grand Roc est une splendide curiosité naturelle, Laugerie-Basse s’avère beaucoup moins spectaculaire. Son atout, c’est sa richesse culturelle extraordinaire, car nos lointains ancêtres s’y sont installés durablement, au point d’y laisser une quantité incroyable de témoignages…
Jusque-là, vous connaissiez l’art pariétal préhistorique, qui en Vallée de la Vézère s’expose magistralement, comme à Lascaux. Mais Cro-Magnon n’était pas seulement inspiré par les parois rocheuses. Ses mains habiles savaient aussi graver, sculpter, et même peindre un modeste silex, un os d’animal, ou encore un morceau d’ivoire, pour créer toutes sortes d’objets du quotidien. C’est ce que les archéologues appellent « l’art mobilier préhistorique ». Et à Laugerie-Basse, celui-ci s’est révélé d’un niveau exceptionnel.
Depuis le début des fouilles en 1863, pas moins de 600 artefacts ont été retrouvés, dont quelques petites merveilles, comme cet « Ours assis » sculpté en bois de renne, ou encore la fameuse « Vénus Impudique« , qui fut la première statuette féminine datant du Paléolithique à être découverte en France.
Les abris de Laugerie-Basse ont ainsi livré des vestiges archéologiques sans équivalent en Europe. C’est d’ailleurs à ce titre que le site a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mais l’histoire aurait pu tourner autrement…
Au XIXème siècle, Laugerie-basse a eu l’honneur, et la malchance d’être l’un des tout premiers sites à être fouillé en Vallée de la Vézère. Ses découvreurs, Édouard Lartet et Henry Christy, furent rapidement dépassés par les opportunistes de l’époque, avides de pièces rares, suffisamment « exotiques » pour être grassement monnayées auprès des musées !
Non protégée (l’inscription aux monuments historiques ne fut effective qu’en 1940), cette véritable mine d’or fut exploitée à outrance. Elle connut même la dynamite !
Un premier abri, celui dit « Classique », fit les frais de cet engouement. Il n’est plus visitable aujourd’hui, car un hameau de maisons troglodytiques l’a comblé, mais il livra de véritables trésors qui ont fini dispersés.
Aujourd’hui, c’est son voisin, l’abri des Marseilles, qui fait office de témoin. Il fut lui aussi bien malmené. Mais étant plus difficile d’accès, car en partie masqué par des éboulis, il freina quelque peu les ardeurs, même après la miraculeuse découverte du squelette magdalénien de « L’homme écrasé ».
C’est seulement en 1912 que le site est définitivement sauvé, grâce à l’implication de deux grandes figures locales, Denis Peyrony et Jean Maury. Ces préhistoriens amateurs vont alors s’appliquer à fouiller méthodiquement, strate par strate, en veillant à ne surtout plus arracher les objets trouvés de leur contexte archéologique.
Ce sont leurs études qui ont permis de révéler l’immense valeur scientifique de Laugerie-Basse. Une coupe stratigraphique exceptionnelle permet encore de bien visualiser les 16 niveaux d’occupation qui ont été identifiés, depuis le Magdalénien, jusqu’aux temps plus récents. D’un seul regard, vous embrassez au moins 15000 ans d’Histoire ! Et les recherches sont encore loin d’être terminées…
Laugerie-Basse est donc devenu un véritable paradis pour les spécialistes de la Préhistoire. Quant aux non-initiés, pas d’inquiétude, eux aussi y trouvent désormais largement leur compte…
« Pose ton galet sur le sol et vise-le avec la tablette… ».
Et c’est parti pour une découverte du site en réalité augmentée, doublée d’une opération fouilles version 2.0 ! On visualise les lieux aujourd’hui, puis du temps de Cro-Magnon, on se familiarise avec le carroyage, on essaye de deviner l’emplacement d’une sagaie ou encore d’un bâton percé. Près de cette hutte en peaux de bêtes par exemple ? Un vrai travail d’enquête ! Et une fois l’objet localisé, on le déterre, virtuellement ! Sur l’écran, il s’anime, prend la pose, et dispense quelques précieuses informations le concernant. Puis on continue l’aventure de la quête archéologique…
Ici, la tablette a remplacé le guide. Mais elle n’est pas le seul élément technologique à avoir investi Laugerie-Basse. Dès le départ, on vous propose également de chausser des lunettes 3D, pour vous projeter dans le monde des hommes du Paléolithique. Les plus beaux objets trouvés sur le site « dansent » devant vos yeux ! On vous explique pourquoi les originaux ne sont plus ici. Et tout logiquement, on vous amène à réfléchir sur les motifs qui poussent à mener des fouilles, sur la manière de les organiser, et sur le devenir des vestiges mis à jour… Tout cela est bien sérieux, mais mine de rien, le message passe sans difficulté !
Avis toutefois aux technophobes invétérés : qu’ils se rassurent, le numérique ne vient qu’en complément des explications dispensées de manière traditionnelle. Et surtout, la visite avec un guide en chair et en os est toujours possible, principalement l’été. Elle est même vivement recommandée pour les passionnés de Préhistoire, ou les simples curieux, avides de comprendre la méthodologie complexe des fouilles archéologiques. Car, non, il ne suffit pas de creuser ou de dépierrer ! Et ça, les abris de Laugerie-Basse en savent quelque chose !