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Descente dans le Gouffre (1890)Descente dans le Gouffre (1890)
©Descente dans le Gouffre (1890)|Anonyme

Une petite histoire du Gouffre de Padirac

En Vallée de la Dordogne, on aime se promener au fil de l’eau, rêvasser et imaginer mille et une histoires, sur cette grotte, cette maisonnette en pierres, ce petit pont sur la rivière … Le Gouffre de Padirac n’échappe pas à l’imagination lui non plus. Alors le temps de quelques minutes, laissez-vous embarquer dans les légendes de ce site, qui sauront vous convaincre d’aller le découvrir, et de vérifier si ce que l’on vous raconte est vrai.

Des légendes à faire hérisser la laine des brebis …

De nombreuses légendes courent à propos du Gouffre de Padirac. Il faut dire que cet impressionnant trou béant, là, au cœur du plateau calcaire des Causses du Quercy, a de quoi impressionner et faire jaser ! Et ce depuis de très nombreuses années.

La légende décalée du Gouffre de Padirac

Lucifer, on le retrouve dans de nombreuses légendes. Il n’est pas exclu de celles sur le Quercy, et plus particulièrement de la légende du Gouffre de Padirac.

L’histoire commence comme ça : il y a des milliers d’années, Saint-Martin déambulait sur le Causse, non pour admirer la beauté et la spiritualité des lieux, ni pour ramasser des champignons ou humer le doux parfum d’une pâquerette, mais pour sauver des âmes éplorées des paysans de l’époque.  

Alors qu’il se penche pour cueillir un coquelicot, il tombe nez à nez sur les pieds – malodorants – de Lucifer. Aussitôt, il se redresse. Le Diable lui adresse alors un de ses sourires les plus machiavéliques et crasseux (le dentifrice n’existait pas à l’époque), et lui lance un pari.

Si Saint-Martin veut sauver les âmes récoltées par Lucifer qui s’apprête à les mener tout droit en enfer, il devra franchir l’obstacle imposé par son adversaire. Prenant son courage à deux mains, et pensant au bon repas qui l’attendait chez lui (foie-gras, noix du Quercy et vin rouge – et ça n’est que l’apéritif), Saint-Martin accepte.

Lucifer frappe alors un grand coup dans le sol avec son talon, et creuse – vous l’aurez certainement deviné – le Gouffre de Padirac. « Miladiou ! » ne peut s’empêcher de jurer le Saint.

La mule de Saint-Martin ne volait pas, mais avait toujours admiré les licornes. Aussi, prenant une grande inspiration, elle franchit l’abîme d’un seul bon, avant d’atterrir de l’autre côté, sans écailler son vernis mais marquant la roche de ses sabots.

Lucifer, fou de rage, plonge alors au fond du Gouffre avant de disparaître à jamais (quoiqu’il lui arrive de réapparaître dans d’autres légendes, et parfois même deux à la fois).

Vous en doutez ? Il n’y a plus qu’à aller vérifier par vous-même si vous croisez l’empreinte des sabots de la mule de Saint-Martin.

 

 

Le Gouffre de Padirac et la Guerre de Cent Ans

Une autre légende raconte que le Gouffre aurait abrité un trésor maudit…

A la fin de la Guerre de Cent Ans, les Anglais auraient enfoui leur trésor de guerre à l’intérieur de l’abîme. Lorsque Édouard-Alfred Martel, le découvreur des galeries souterraines du Gouffre de Padirac, achète les terrains tout autour du site, les propriétaires exigèrent qu’il insère, dans le contrat, une clause qui leur garantirait une partie du butin, s’il venait à le retrouver.

La véritable histoire du Gouffre de Padirac

Le Gouffre est connu depuis des milliers d’années. Il s’est formé par l’érosion et l’effondrement de la voûte d’une ancienne salle souterraine, creusée grâce aux circulations d’eau dans le massif rocheux, essentiellement calcaire. Il est très difficile de donner un âge exact pour l’ouverture de cet ancien plafond, mais le Gouffre existe certainement depuis plusieurs centaines de milliers d’années.
Au fond du gouffre, des fouilles ont révélé l’existence de nombreux débris de cuisine, de vases brisés et d’arme en fer. L’examen des objets permet d’en faire remonter l’origine aux environs de XIVème siècle. Les occupants des lieux étaient peut-être des habitants du village de Padirac, s’étant réfugiés ici pour échapper aux soldats anglais (le village de Padirac fut complètement rasé par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans). Un écrit mentionne également une extraction de salpêtre au fond du gouffre au XVIème siècle.

Longtemps inexploré par peur, désintéressement ou manque de moyens des habitants, des aventuriers y descendent dans les années 1860.

Ainsi, en 1867, le comte Murat et M. De Salvagnac s’engouffrent dans l’abîme, à l’aide d’un panier retenu par des cordes. Ils ne remarquent cependant pas le petit orifice qui conduit à la rivière souterraine, abritée dans le Gouffre, une centaine de mètres sous terre.

Ce n’est qu’en juillet 1889 qu’Edouard-Alfred Martel, avocat de formation, et trois de ses fidèles compagnons d’aventure, Gabriel Gaupillat, Emile Foulquier et Louis Armand, y pénètrent à nouveau. Ils sont aidés par six hommes de manœuvre. Eclairés par des bougies et munis d’une lampe à magnésium, ils descendent à l’aide d’une échelle flottante, sans savoir cependant ce qu’ils vont trouver quelques dizaines de mètres plus bas. Les pieds à nouveau au sol, et après quelques explorations dans la pénombre, les aventuriers sont subjugués par ce qu’ils découvrent. Le premier jour de l’expédition, ils ne s’aventurent cependant pas à plus de 400 mètres du puits d’entrée,bloqués par la rivière trop profonde. Le 10 juillet, Martel embarque avec Gaupillat sur leur embarcation, le Crocodile, un bateau en toile avec une armature en bois.

Déambulant et naviguant dans des passages parfois très étroits, ils découvrent des stalactites, stalagmites, gours, colonnes de calcite … tout ce que les gouttes d’eau ont façonné depuis des millénaires. 1640 mètres de galeries sont explorées pour cette première expédition et la seconde a lieu 1 an plus tard avec des découvertes encore plus impressionnantes.

Edouard-Alfred Martel, considéré depuis comme père de la spéléologie moderne, souhaite alors partager cette découverte extraordinaire. Il veut rendre le Gouffre accessible au public afin que celui-ci puisse s’émerveiller à son tour devant ce lieu souterrain totalement nouveau. Quelle ne sera pas la surprise des visiteurs, comme l’a été la sienne, lorsqu’ils découvriront la Grande Pendeloque et la Salle du Grand Dôme, pièces symboliques du Gouffre de Padirac.

Pour cela, il doit acheter les terrains qui se trouvent autour du Gouffre, afin de les aménager. Cependant, il manque de soutien financier. Georges Beamish, rencontré par le plus grand des hasards – Edouard-Alfred Martel a oublié les plans du futur Gouffre aménagé dans un fiacre à Paris. Georges Beamish tombe dessus et est immédiatement séduit par cette idée – va alors lui apporter son aide.

Après de longs mois de travaux, le Gouffre de Padirac est enfin accessible au public, qui peut parcourir 2.2 kilomètres de galeries souterraines aller/retour. L’inauguration officielle a lieu le 10 avril 1899. Au fil des années, la notoriété du site augmente, et aujourd’hui, il ne reçoit pas moins de 480 000 visiteurs par an.
 

Actuellement, le Gouffre de Padirac apparaît dans la liste des cent plus longues cavités souterraines naturelles. Si 42 kilomètres de galeries ont déjà été explorés et topographiés par des spéléologues, le Gouffre regorge encore de recoins inexplorés et qui sait, peut-être encore plus impressionnants ?

+ d’informations sur la programmation spéciale anniversaire : padirac-fete-ses-130-ans

 

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