La Grotte du Pech Merle
Une galerie d’art dans un palais de natureLa grotte du Pech Merle a bercé l’humanité
Un bond de 25 000 ans en arrièreExploration souterraine
Des chevaux qui hennissement, des pas feutrés foulant le sol, des voix féminines et des gouttes de pluie qui tintent. Ici, on plonge dans un autre univers. Aller à la rencontre du monde préhistorique… dans la Grotte du Pech Merle ! Authentique chef-d’œuvre de l’art préhistorique, elle permet de revenir 25 000 ans en arrière avec l’une des plus belles expressions artistiques de l’humanité : les peintures pariétales.
C’est au cœur de la vallée du Célé, près de Cabrerets, que l’on explore la Grotte du Pech Merle. Sous la houlette d’un guide et par petits groupes (pour préserver les peintures, l’accès de la grotte est limité à 700 personnes par jour), on parcourt plus d’un kilomètre de galeries et visite sept salles. On y trouve plus de 70 peintures représentant des humains ou des animaux : traces de mains, mais aussi mammouths, chevaux, bisons, têtes de cerfs, etc. On chemine au milieu des concrétions minérales : stalactites, stalagmites, diverses concrétions, et cette curiosité : des toupies et des perles des cavernes !
Une étape, une aventure :
- L’entrée : cette entrée, artificielle, date de 1923. Elle a été percée à proximité de l’entrée préhistorique. Après avoir descendu l’escalier, on évolue dans un tunnel qui a été creusé dans un éboulis produit il y a environ 10 000 ans, qui a obstrué l’entrée paléolithique. Désormais, le tunnel donne accès à la galerie du Combel.
- Galerie du Combel : au sol, on voit des bauges d’ours (des zones creuses permettant aux ours de s’y recroqueviller l’hiver afin d’hiberner dans des conditions thermiques stables) creusées dans l’argile. Des ossements ont été trouvés en divers points de la grotte et sont présentés ici (ours, hyène). La racine d’un chêne a traversé la voute et a pénétré dans la grotte. L’arbre peut être observé depuis l’extérieur. Ont également été réalisées des peintures de la première phase artistique (plus de 25 000 ans avant notre ère). Elles ne sont pas visibles lors de la visite, mais on peut voir leur reproduction au musée.
- La frise noire : sur la paroi de 7 mètres de long se trouvent 25 dessins d’animaux : cheval, bisons, mammouths et aurochs. Dessins noirs réalisés à l’oxyde de manganèse (et traces d’ocre) datés d’environ 24 à 25 000 ans avant notre ère.
- Sur la corniche : on admire des dessins au trait noir (bisons et mammouths), ainsi qu’un mammouth représenté en utilisant le relief naturel de la paroi, datés approximativement de 24 à 25 000 ans avant notre ère.
- La salle des peintures : on aperçoit sur les parois des « chevaux ponctués », et des « femmes-bisons », et au plafond se trouvent des tracés digitaux et des dessins aux traits noirs.
- La salle des disques : dans cet espace, des formations géologiques peu courantes sont visibles : des disques de calcite.
- Traces de pas : une douzaine d’empreintes d’un enfant (ou adolescent), s’inscrivent dans le sol, allant dans les deux sens. L’authenticité de ces empreintes est assurée par le fait que l’entrée préhistorique a été bloquée lors de la dernière fonte glaciaire, vers 10 000 ans avant notre ère.
- Galerie de l’Ours : cette galerie est la fin du niveau inférieur de la grotte. Ici, se trouvent de très vieilles colonnes formées lors de la première phase de creusement de la grotte (environ 50 Ma). Le plafond de la salle se trouve à 11 m de haut.
- Couloir de l’Ours : aux temps préhistoriques, c’était un passage où l’on avançait en rampant. On y voit la gravure d’une tête d’ours, vraisemblablement inspirée d’un ours brun, vers 23 à 24 000 ans avant notre ère.
- L’Homme blessé : dessin d’un être humain traversé par quatre traits (flèches ?), associé à un signe géométrique (aviforme).
- Les perles des cavernes : lors des pluies fortes et persistantes, l’eau s’écoule depuis un trou au plafond, entraînant du sable et des graviers. Certains petits graviers restent prisonniers des cavités du bassin, se recouvrent de calcite et sont polis par rotation sur eux-mêmes. La « toupie » est une formation rare.
- Les femmes-bisons : Main féminine rouge au pochoir avec treize ponctuations rouges. À côté, sous les perles des cavernes, on peut voir des silhouettes féminines dites « femmes-bisons », datant de 23 à 25 000 ans avant notre ère.
- Les chevaux ponctués : à la suite d’un grand poisson rouge, deux chevaux sont représentés. Autour, six mains féminines au pochoir en noir, datée de 29 000 ans avant notre ère.
Intérêt géologique fondamental
Des millions d'années de formationToutes les étapes de sa formation, qui a duré plusieurs millions d’années, sont encore visibles : creusement par la corrosion de l’eau, effondrements, remplissages et vidanges successifs, stalagmites…
Véritable mémoire de la Terre, la grotte associe la beauté naturelle géologique avec les œuvres préhistoriques. Ces dernières sont nombreuses, bien conservées, et représentatives de toutes les techniques et sujets de l’art des grottes.
Les préhistoriques ont vu la grotte, à peu de choses près, telle que nous la voyons aujourd’hui. Bertrand Defois, Directeur du développement
Art pariétal exceptionnel
Chef-d'œuvre de la préhistoireOn s’engouffre ici dans un monde à part ; loin de l’agitation du dehors. On ne sait plus s’il fait jour ou nuit à l’extérieur, s’il pleut ou s’il fait beau… C’est un voyage à part entière, un voyage dans le temps : 25 000 ans avant notre ère, qui dévoile des chefs-d’œuvre exceptionnels.
Il y a des dessins que l’on ne peut pas rater une fois dans la cavité, et d’autres qui sont volontairement cachés, destinés à un groupe limité de personnes. Bertrand Defois
Les parois de la grotte montrent chevaux, mammouths, bisons, aurochs, ours… Plus de 70 animaux jouent avec le relief de la roche, les couleurs et la lumière. Au total, près de 800 motifs sont recensés dans la cavité. Ces dessins, associés aux mains et aux empreintes de pas préhistoriques, créent une émouvante proximité avec notre lointaine humanité et continuent, encore, de nous dévoiler toutes leurs particularités…
Les empreintes de mains négatives font encore parler d’elles. On appelle mains négatives des peintures faites selon la technique du pochoir. L’artiste, en apposant sa propre main sur la paroi rocheuse, crachote dessus avec sa bouche un mélange coloré à base d’argile rouge. Une fois enlevée, apparaît le détour de la main.
75 % des peintures rupestres sont faites par des femmes
Longtemps, on a pensé que seuls les hommes pouvaient jouer les artistes. On n’aurait pas pu autant se fourvoyer. Dans le journal American Antiquity, Dean Snow, archéologue à l’université d’État de Pennsylvanie, présente l’étude de 32 représentations de mains relevées dans huit grottes de l’époque gravettienne (25 000 ans avant notre ère), dont cinq empreintes dans la Grotte du Pech Merle.
S’appuyant sur les travaux du biologiste britannique John Manning, que Dean Snow a entamé cette étude. John Manning affirme que les mains des hommes et des femmes différaient alors à l’époque : l’index et l’annulaire de la main d’une femme font à peu près la même taille, tandis que, chez l’homme, l’annulaire dépasse souvent quelque peu l’index.
J’ai regardé la couverture d’un livre sur l’art rupestre, présentant un pochoir de main dans la Grotte du Pech Merle, et je me suis dit : bon sang, si Manning sait de quoi il parle, alors c’est très certainement une main de femme que j’ai devant les yeux.
Après analyse, 75 % des dessins analysés, dans les huit grottes, ont été réalisés par des femmes.
Si l’étude de Dean Snow date de 2013, elle continue d’être discutée et commentée. Ces discussions se trouvent dans la droite lignée d’une nécessité d’interroger les affirmations et préjugés des mondes de l’art et de la science… Car, ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’il y a, à ce jour, aucune preuve pour que ces mains soient finalement celles d’hommes. À méditer !
La découverte
Tout commence en 1922, lorsque trois enfants de Cabrerets partent explorer une igue nichée sur le terrain de la ferme des David, avec pour seuls outils : des bougies et une corde… Marthe David, son frère André et Henri Dutertre, découvrent alors les galeries préhistoriques du réseau inférieur de la grottes !
L’étude des peintures et gravures est immédiatement entreprise par l’abbé Amédée Lemozi, curé préhistorien de Cabrerets. Quant au réseau supérieur de la grotte du Pech Merle, sans trace de fréquentation préhistorique, il est exploré au début du XXᵉ siècle. La grotte est ouverte au public depuis 1926 et est classée « Monument historique » en 1952. Depuis 1973, la commune de Cabrerets en est propriétaire et assure la gestion des visites. Celles-ci sont complétées, en 1981, par l’arrivée du Musée de la préhistoire juste à côté, formant ensemble l’actuel Centre de Préhistoire du Pech Merle.
ADRESSE – CONTACT
Centre de préhistoire du Pech Merle
Pech Merle
46330 Cabrerets
05 65 31 27 05 / www.pechmerle.com
PÉRIODE & HORAIRES D’OUVERTURE
Le même billet permet de visiter la grotte, de regarder le film et de visiter les expositions du musée de préhistoire.
RÉOUVERTURE LE JEUDI 15 FÉVRIER 2024.
TARIFS
Adultes 15 ans et plus : 15 €
Enfants de 5 à 14 ans : 8,50 €
Enfants de moins de 5 ans : 3,50 €
À partir de 20 personnes, un tarif groupe est possible.
Tarif groupe : cliquez ici. Tarifs scolaires : cliquez ici.
Réservations
Pour la conservation des peintures de la grotte, le nombre de visiteurs est limité chaque jour.
Il est obligatoire, toute l’année, de réserver sa visite sur la billetterie en ligne de la Grotte.
Le retrait des billets doit avoir lieu impérativement 30 minutes avant l’heure convenue.
- Où peut-on visiter la Grotte du Pech Merle ?
La Grotte du Pech Merle est située sur la commune de Cabrerets, département du Lot, en région Occitanie.
- Quelle est la spécificité de la Grotte Pech Merle ?
On a la chance de pouvoir visiter une vraie grotte préhistorique et non une reproduction de cavité, comme la Grotte de Lascaux par exemple. Les peintures du Pech Merle ont plus de 20 000 ans et nous sont parvenues dans un remarquable état de conservation. Cependant, elles restent d’une extrême fragilité. Pour les préserver, le nombre de visiteurs et la durée de la visite sont limités. Réservation obligatoire sur le site de la grotte.
- Pourquoi Pech Merle est associé à l'art pariétal ?
1 km de galerie, 7 salles, des concrétions minérales, des peintures préhistoriques exceptionnelles, des gravures uniques, voilà pourquoi la Grotte du Pech Merle est considérée comme un haut lieu de l’art pariétal en France.
- Qui a découvert la Grotte du Pech Merle ?
Les galeries préhistoriques du réseau inférieur ont été découvertes en 1922, par trois enfants du village de Cabrerets : Marthe et André David ainsi que Henri Dutertre. La grotte est ouverte au public depuis 1926.
- Comment visiter une grotte ?
Il faut prévoir des vêtements adaptés, car il fait 12 °C toute l’année, mais aussi des chaussures pour marcher confortablement (type baskets, voire chaussures de randonnée). À noter : les poussettes ne sont pas acceptées dans les grottes en raison des nombreuses marches. Il est conseillé d’utiliser un porte-bébé.
- Conseils de réservation et de visite
Pour la conservation de la grotte et des peintures, le nombre de visiteurs est limité chaque jour. Il est obligatoire de réserver sa visite (25 personnes par visite). Vous serez accueillis dans la salle de préparation à la visite par votre guide qui fera une présentation de 15 minutes avant de vous accompagner pour une expérience unique de 43 minutes à l’intérieur de la grotte. L’accès de la grotte n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite.